LA CULTURE EKONDA FACE AU DEFI DU DEVELOPPEMENT

( Préfet MPETI/ Institut Lisanga )

 

Le sujet que nous avons l'honneur d'exposer s'intitule " la culture Ekonda face au défi du développement ". S'agissant, il s'avère indispensable de vous brosser

les grandes lignes de notre exposé: D'abord pour introduire, nous tenterons de définir les deux concepts: culture et développement, ensuite nous essayerons de décrire la culture Ekonda à son état standard, et enfin nous allons tenter de démontrer comment la dite culture est en marche vers le développement, après quoi viendra la conclusion.

 

INTRODUCTION

a) La Culture:

S'il existe des termes qui revêtent une mosaïque des définitions, la culture en est un, car plusieurs auteurs et manuels attribuent à ce concept une définition selon sa conception. En voici quelques unes:

Selon Edouard Herriot, " la culture est ce qui reste quand on a tout oublié".

A François Sagan de dire, " la culture est ce qui reste quand on ne sait rien faire".

Dans le petit Larousse encyclopédique, la culture est définie comme " un ensemble des connaissances acquises". Pour ne considérer que ces définitions, en ce qui nous concerne et partant, nous dirons que la culture, c'est les résidus

constituant le magma socio-culturel après une formation, une information et une expérience quelconque. C'est ainsi qu'un homme cultivé, sera exactement

l'honnête homme, "un mondain et un bel esprit".

 

b) Le développement

Dans son acceptation première et générale, le terme développement signifie " l'action de développer ou de se développer". Néanmoins il prend d'autres connotations dans divers domaines. En photographie, on parle de développement d'un cliché. En mathématique, de développement d'une

fonction analytique ou expression algébrique alors qu'en biologie, de développement des espèces. De tout ce qui précède, dans le domaine socioéconomique qui nous concerne ici, le développement est défini comme un souci permanent qui anime une communauté donnée d'augmenter en les améliorent, les principales dimensions d'un ensemble économique et social.

C'est une croissance avec modification préalable des structures telles: les institutions, les mentalités, les attitudes, les relations sociales, la technicité, …

Donc considéré sous cet angle, le développement est un idéal à atteindre pour tous. En effet, la notion du développement appelle celle de civilisation et de modernisme.

 

LA CULTURE EKONDA STANDARDISEE

Dans Zaïre-Culture, magasine d'informations culturelles et artistiques de juin 1990, p.3, on définit la culture comme "un ensemble des valeurs morales, spirituelles et traditionnelles devant régir une société, son, mode de vie et de pensée, bref son authenticité".Sans controverse aucune, nous dirons que la

culture Ekonda est unique à être telle et elle est une, car le peuple Ekonda atteste son mode de vie propre à lui.

L'art demeurant cependant l'expression matérielle de cette culture. Le peuple Ekonda organise différentes formes d'expression culturelle sur plusieurs plans:

 

le plan social:

Le peuple Ekonda se remarque par un moyen spécial de communication, par l'usage d'une langue appropriée et originelle " Le LOKONDA" ayant une glossématique propre à elle, riche selon un nombre des vocables préalablement déterminés par la tradition. Le peuple Ekonda détient certaines règles sociales basées sur la coutume. C'est ainsi que les us et coutumes chez lui restent encore avec beaucoup plus de rigueur d'application.

On assiste cependant à une conservation de la tradition dans le système de parenté ( patriarcat), dans les liens parentaux ( le mari a un petit frère considéré comme gendre et non comme beaufrère), dans le système et obligations de mariage, le peuple Ekonda reste socialement solidaire du fait qu'il fait sien le malheur d'un voisin et est toujours prêt à porter secours au sien.

 

Sur le plan moral:

La courtoisie semble être de mise dans la société Ekonda dans le respect des coutumes et des normes, car les violences morales et physiques y sont stigmatisées. La culture Ekonda oblige à tout moins âgé de dire " LOSAKO" la salutation solennelle à tout aîné, homme comme femme.

 

Sur le plan religieux:

La coutume Ekonda reconnaît Dieu et lui attribue plusieurs appellations. A ce sujet, NKEMA BOBANGA MPUTU, dans son mémoire intitulé " les analogies phénoménologiques entre le chef traditionnel Ekonda et le Maître de justice des

Essémiens dit: " Les Ekonda admettent l'existence d'un être suprême ou éternel auxquels ils attribuaient plusieurs noms: Nzakomba Dieu Wangilonga Créateur". Chez le peuple Ekonda, la croyance en Dieu n'est pas un simple fait du modernisme, mais remonte au traditionalisme et à la coutume.

 

 

Sur le plan artisanal:

L'art Ekonda tire son origine de sa tradition et de sa coutume. La confection des nasses, la sculture et l'architecture revêtent encore un caractère indigène.

La forge, la poterie, la construction des maisons en pisé et tant d'autres activités artistiques sont l'expression culturelle de l'art Ekonda. Dans le même ordre d'idée, la danse et la musique Ekonda sont aussi des expressions culturelles chez

ce peuple vu les noms de ses danses: Bobongo, Iyaya, Loyenge, Ekusa, Bendjalo, …

 

Sur le plan économique:

Les activités économiques des Ekonda restent tirées de la tradition, la culture du sol, sa finalité et son mode d'exploitation, la pêche: ses moyens et ses instruments; l'élevage; restent l'héritage que le peuple Ekonda a reçu de ses aïeux..

Vu les conditions économiques très traditionnelles, la culture Ekonda obligerait à son peuple de se vêtir en loque, de se déplacer toujours à pieds, d'éclairer sa maison au moyen des copals.

 

Sur le plan littéraire:

La littérature Ekonda est essentiellement orale et se compose de plusieurs genres oraux tels que l'épopée, la légende, le conte, le mythe et tant d'autres; les thèmes traités, les noms des personnages et la langue utilisée, remontent du cadre socioculturel de son peuple. Très embryonnaire qu'elle puisse être, la littérature

traditionnelle orale Ekonda se caractérise aussi par quelques genres simples tels proverbes, les devinettes, les chants, les énigmes, … véhiculant sa culture.

 

LA CULTURE EKONDA: UNE MARCHE VERS LE DEVELOPPEMENT

Certes, la culture Ekonda toute entière n'est pas demeurée dans un état standard sur tous les plans Le fait que son peuple épie d'autres cultures avec lesquelles il est en contact, a affecté la culture Ekonda, lui permettant de sortir du carcan indigène et traditionnel pour s'ouvrir sur l'échiquier mondial.

Cependant, il est à noter que non seulement la culture Ekonda qui fait l'homme et l'élève à une certaine classe, mais l'inverse c'est à dire l'homme, par ses contacts avec les autres, est capable de modifier la culture et la façonner.

Comme prédit, la culture Ekonda se trouve être corrompue essentiellement sur quelques aspects et non dans son intégralité. C'est donc cette corruption, cette influence subie et cette affectation qui entraîne une symbiose des cultures chez le  peuple Ekonda et qui lui permettait par ricochet de faire un pas au défi du développement.

Il est éventuellement vrai que tous ces aspects ou domaines que nous essayons d'épingler en les étayant, prouvent nonobstant une aliénation comme quiconque pourrait s'imaginer.

Toutefois, nous ne devons demeurer sans savoir que la culture africaine est une symbiose de deux cultures, dans l'affirmatif. S'il est vrai ainsi pour un continent, comment en serait-il autrement pour une simple ethnie?

Aussi cette aliénation constitue le moyen pour rehausser sa voix à l'appel du développement. C'est le seul moyen pouvant nous permettre de quitter l'archaïsme, le classique et caduque vers le modernisme, un modèle de vie nouveau.

Ainsi démontrons-nous tant que faire se peut comment la corruption de quelques aspects culturels Ekonda ait occasionné le transfert de la dite culture vers le développement, cet idéal universel.

 

Sur le plan social:

Linguistiquement, le peuple Ekonda devient plurilingue du fait qu'il ne parle plus seulement le LOKONDA, sa langue locale, mais actuellement parle tant d'autres langues: le français, l'allemand, l'anglais, le flamand, … selon ses aptitudes.

Ainsi lorsqu'il parle sa langue locale, le lokonda, c'est avec un accent et une tonalité d'emprunt, autant qu'il existe certains Ekonda incapables de s'exprimer dans sa langue maternelle. Coutumièrement, les us et coutumes Ekonda sont corrompues par intrusion consciemment ou non de quelques facteurs externes.

La pratique culinaire, la gastronomie, le mariage, l'habillement ont largement évolué. Les civilisés Ekonda font abstraction des totems, des interdits.

 

Sur le plan religieux:

La conception religieuse du peuple Ekonda contribue aussi à son développement par la reconnaissance majoritaire de Dieu. Cela est d'imitation occidentale gage incontestable du développement. Aussi le mariage quitte son état  coutumier pour prendre un cachet religieux et chrétien.

 

Sur le plan littéraire:

La culture Ekonda qui autrefois fut véhiculée de bouche à oreille, trouve actuellement sa place dans le modernisme caractérisé par l'écrit. Les réalités du milieu Ekonda comme celles occidentales sont exprimées au moyen des techniques modernes où l'oral est remplacé par l'écrit.

 

CONCLUSION

Comme d'aucuns pourraient le remarquer, le développement de la culture Ekonda est dans une étape plus embryonnaire. Très peu sont des domaines culturels Ekonda qui se lèvent pour une marche vers le développement

socioculturel.

En ramasser, tout le peuple Ekonda et plus particulièrement toute l'élite intellectuelle de la contrée est appelée pour la construction de cet édifice afin de sortir de ce carcan, de cette aliénation culturelle et de cette acculturation. La contribution d'un chacun est de promouvoir et sauvegarder la culture Ekonda dans l'échiquier mondial et la soutenir dans sa marche vers le développement par les moyens et techniques appropriés, par des initiatives loyales et judicieuses, comme celle à laquelle nous associe CONGO CONCERN NETWORK. La culture en tant que moteur du développement a besoin d'être soutenue tant au niveau du pouvoir public que dans le cadre du mécénat privé, car l'homme ne vit pas seulement du pain mais aussi et surtout des choses de l'esprit, une nourriture intellectuelle saine.

 

Répondre à cet article