Honorables Professeurs Président et membres du jury ;

Monsieur le Recteur, Messieurs les Secrétaires Généraux Académique et Administratif ;

Distingués membres de l’assistance en vos qualités respectives ;

 En cette période où les réseaux sociaux sont à la base des bouleversements politiques dans le monde arabe et au lendemain de l’atelier sur l’harmonisation du cadre légal pour la  cybersécurité et la cybercriminalité en Afrique centrale tenu à  Libreville en date du 28 novembre 2011, réfléchir sur la criminalité entraînée par les Technologies de l’Information et de la Communication ne peut qu’être une bonne initiative.

 Il est évident que la cybercriminalité, sur laquelle porte la recherche dont nous rendons compte ce jour, n’est pas ignorée du législateur congolais parce qu’il a incriminé certaines de ses manifestations dans la loi-cadre sur les télécommunications en République Démocratique du Congo. L’exécutif congolais ne l’ignore pas non plus, parce qu’il interdit certains de ses aspects, d’abord dans l’Ordonnance portant réglementation de l’activité informatique au Zaïre, ensuite dans l’Arrêté ministériel portant interdiction de la pratique « call back ». La cybercriminalité est bien connue des pénalistes congolais. En effet, depuis  1995, ils y réfléchissent presque chaque année dans le cadre de leurs études, de leurs réflexions et des autres travaux scientifiques, en vue de trouver solutions aux différents problèmes qu’elle soulève.

Hélas, partielles et peu globalisantes dans les solutions qu’elles préconisent, ces études ont rendu opportune  l’ « étude critique du système congolais de répression de la cybercriminalité au regard du droit comparé », sujet de notre thèse. Celle-ci tente de répondre à la question de savoir  « quelles mesures à caractère pénal l’autorité congolaise doit-elle adopter en vue d’assurer la protection efficace de sa société contre cette cybercriminalité ?».
Partant de l’hypothèse de l’inefficacité du droit pénal congolais face à cette dernière, laquelle inefficacité appelle d’autres mécanismes de répression en renforcement de ceux qui sont en vigueur, et faisant recours à plusieurs méthodes, à savoir : l’analyse axiologique, la méthode juridique, l’analyse systémique, la méthode sociologique, la dialectique et la méthode comparative, nos efforts ont porté sur cinq démarches :

Identifier les
Technologies de l’Information et de la Communication et leur utilisation déviante ;Relever les incriminations auxquelles la déviance susvisée donne lieu en droit international pénal et en droits pénaux étrangers, et dont l’ensemble constitue le nouveau phénomène criminel connu sous le nom de cybercriminalité ;Relever les principes  généraux de répression, les nouvelles institutions judiciaires ou administratives ainsi que  les nouveaux pouvoirs et nouvelles procédures dont ces institutions sont nanties à en vue de lutter contre la cybercriminalité dans les droits susvisés ;Vérifier, partant d’une approche comparative, les possibilités de réponse du droit pénal congolais face à la cybercriminalité et Proposer les pistes d’une meilleure politique pénale dans la lutte contre la cybercriminalité en République Démocratique du Congo.

Honorables Professeurs Président et membres du jury ;

Monsieur le Recteur, Messieurs les Secrétaires Généraux Académique et Administratif ;

Distingués membres de l’assistance en vos qualités respectives ;

 « L’étude critique du système congolais de répression de la cybercriminalité au regard du droit comparé », notre travail,   a premièrement inventorié, au regard des valeurs auxquelles ils portent  atteintes, les crimes contre les Technologies de l’Information et de la Communication. La qualification des faits cybercriminels en droit pénal congolais, au regard du droit pénal comparé, a donné le résultat lamentable suivant :    des cinq atteintes à la confidentialité, à l'intégrité  et à la disponibilité des données et des systèmes informatiques mises en exergue, une seule seulement est inefficacement punissable en République Démocratique du Congo ;  des deux crimes informatiques recensés, aucun  n’est réprimé ;   le cyberterrorisme est partiellement punissable dans ses différentes manifestations;  la cyberguerre est punissable dans ses différents aspects ;  des dix-sept crimes aux cartes de paiement retenus, aucun n’est punissable ; des quatorze atteintes aux droits de la personne résultant des fichiers ou des traitements informatiques de données personnelles dénombrées, aucune n’est punissable ; des seize atteintes aux télécommunications inventoriées,  trois sont totalement punissables, trois autres partiellement punissables, une, inefficacement punissable et neuf ne sont pas punissables ;      des cinq atteintes aux règles de cryptologie répertoriées, deux sont totalement punissables, deux autres sont partiellement punissables et une ne l’est pas : des cinq crimes non classifiés retenus, l’un est partiellement punissable, deux  inefficacement punissables et deux autres pas du tout punissables.
S’agissant des 92 crimes facilités par les Technologies de l’Information et de la Communication recensés, le résultat désolant de leur confrontation se présente comme suit:
des neuf atteintes aux mineurs inventoriées, six seulement sont réprimées en République Démocratique du Congo ;   des trois atteintes à la vie privée répertoriées, aucune n’est punissable ; des quatre crimes de racisme et xénophobie cristallisés, trois sont inefficacement punissables et l’autre, non-punissable ; des sept autres atteintes aux personnes non classifiées mises en exergue, trois sont punissables ; une l’est partiellement mais trois autres ne le sont pas;  des vingt-six délits de presse facilités par les Technologies de l’Information et de la Communication recensés, cinq ne sont pas punissables ; des dix atteintes à la propriété intellectuelle retenues, trois seulement sont punissables; des dix  atteintes aux droits connexes à la propriété intellectuelle inventoriées, aucune n’est punissable ;   les deux  atteintes aux droits garantis sur les dessins et modèles retenues  sont punissables ; des six crimes liés aux activités des prestataires techniques de services de communication au public par voie électronique cristallisés, un seul seulement est punissable; des cinq crimes économiques répertoriés, trois sont réprimés ;    des quatre crimes de contrefaçon mis en évidence, un seul n’est pas réprimé et  des six autres crimes non classifiés, trois sont  punissables, deux sont inefficacement punissables et un est non punissable. Soit au total quarante-neuf crimes totalement punis, neuf crimes inefficacement réprimés, onze crimes partiellement réprimés et  quatre-vingt-neuf crimes scandaleusement non réprimés par le droit pénal congolais.

Honorables Professeurs Président et membres du jury ;

Monsieur le Recteur, Messieurs les Secrétaires Généraux Académique et Administratif ;

Distingués membres de l’assistance en vos qualités respectives ;

De ce qui précède, le droit pénal congolais révèle son inefficacité à réprimer la cybercriminalité, ce qui confirme notre hypothèse et appelle un système pénal efficient. Ce dernier, à notre avis, est tributaire de trois démarches : 1° l’adaptation des mécanismes pénaux, normatifs et institutionnels  en vigueur ; 2°  l’adoption des nouveaux mécanismes et 3° la formation.

 Dans la même perspective, nous suggérons :   l’adhésion de la République Démocratique du Congo à certaines conventions du conseil de l’Europe ;    l’ajustement du principe de l’universalité du droit de punir par rapport à l'exploitation et aux abus sexuels des enfants et    l’ajustement des peines d’emprisonnement. S’agissant de l’adoption de nouveaux mécanismes, nous suggérons quatre approches : 1° compléter les textes pénaux en vigueur par de nouvelles  incriminations ; 2° adopter de nouvelles lois régissant les T.I.C et qui comporteraient des infractions non encore évoquées ; 3° consacrer certaines règles de droit pénal général et 4° adopter certaines règles de droit pénal de la forme.

Honorables Professeurs Président et membres du jury ;

Monsieur le Recteur, Messieurs les Secrétaires Généraux Académique et Administratif ;

Distingués membres de l’assistance en vos qualités respectives ;

Honorables Professeurs Président et membres du jury ;

Monsieur le Recteur, Messieurs les Secrétaires Généraux Académique et Administratif ;

Distingués membres de l’assistance en vos qualités respectives ;

 « L’étude critique du système congolais  de répression de la cybercriminalité au regard du droit comparé », affirme en définitive, que le droit pénal congolais accuse beaucoup de déficiences dans la répression de la cybercriminalité. Pour prétendre à une répression efficace, la modélisation dudit droit, en agissant sur tout le système pénal, c.-à-d.,  en adaptant certains mécanismes, en en adoptant de nouveaux, et en assurant la formation du personnel s’impose.

Et telle est notre thèse.

Nous vous remercions.

 PROF MANASI N’kusu-Kaleba Raymond De Bouillon, Université de Kinshasa, Faculté de Droit Magistrat au Parquet de Kinshasa - Kalamu, KINSHASA 2006 Tél: + 243 998 37 41 57 81 141 63 37 Email: raymondconseil@yahoo.fr

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